Tempête éphémère
On sest croisé dans un aéroport. Au milieu des milliers de personnes qui transitent par Roissy 2, hall F, nez à nez avec elle. Ou plutôt, avec eux. Je nétais pas seul, elle non plus. Nos accompagnants nous présentent respectivement. « Bonjour, je vous présente machine, bonjour, enchanté, blablabla, moi aussi, bonjour, ah cest vous, jai beaucoup entendu blablabla... ». Hésitation, je ne la connais pas, je mapproche, on se fait la bise.
Il y a parfois des moments déternité pendant lesquels une poignée de secondes dure des siècles. Jai senti le frôlement de ses cheveux sur mon visage, le contact de ses lèvres sur ma joue, la sienne sous les miennes, son parfum, son souffle dans mon cou...
Et mon coeur qui cogne...
Pendant que les autres devisent bruyamment, au milieu des éclats de rire et du brouhaha de la foule, des portables, des annonces de vol et des roulettes de valises, nous restons lun près de lautre, à faire mine de nous intéresser à la conversation, mais détournant le regard à la moindre occasion pour le plonger celui de lautre.
Cette femme ma fait leffet dune bombe. Ce nétait pas son physique même si elle était plutôt jolie, ni son sourire doux et discret, ni ses vêtements, ni sa voix que jai à peine entendue, mais un tout, un rien, un quelque chose qui dentre cent personnes va vous en faire élire une.
Et ce petit rien qui me bouleversait, nul doute quelle le trouvait aussi chez moi.
La discussion touchait à sa fin. Déjà les au revoir roulaient de ci de là. Nous nous sommes approchés lun de lautre, de nouveau son parfum, sa peau, ses cheveux et nos doigts qui seffleurent, puis se serrent. Et sa voix un peu rauque dans mon oreille : au revoir... comme une promesse.
Nous avons salué les autres. Elle a attrapé la poignée de sa valise et la tirée à la suite du groupe vers les ascenseurs.
Elle sest retournée. Je ne lavais pas quittée des yeux. Nos regards se sont croisés, et lascenseur la avalée.