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Décrochage
21 décembre 2004

Tempête éphémère

On s’est croisé dans un aéroport. Au milieu des milliers de personnes qui transitent par Roissy 2, hall F, nez à nez avec elle. Ou plutôt, avec eux. Je n’étais pas seul, elle non plus. Nos accompagnants nous présentent respectivement. « Bonjour, je vous présente machine, bonjour, enchanté, blablabla, moi aussi, bonjour, ah c’est vous, j’ai beaucoup entendu blablabla... ». Hésitation, je ne la connais pas, je m’approche, on se fait la bise.

Il y a parfois des moments d’éternité pendant lesquels une poignée de secondes dure des siècles. J’ai senti le frôlement de ses cheveux sur mon visage, le contact de ses lèvres sur ma joue, la sienne sous les miennes, son parfum, son souffle dans mon cou...

Et mon coeur qui cogne...

Pendant que les autres devisent bruyamment, au milieu des éclats de rire et du brouhaha de la foule, des portables, des annonces de vol et des roulettes de valises, nous restons l’un près de l’autre, à faire mine de nous intéresser à la conversation, mais détournant le regard à la moindre occasion pour le plonger celui de l’autre.

Cette femme m’a fait l’effet d’une bombe. Ce n’était pas son physique – même si elle était plutôt jolie, ni son sourire – doux et discret, ni ses vêtements, ni sa voix que j’ai à peine entendue, mais un tout, un rien, un quelque chose qui d’entre cent personnes va vous en faire élire une.

Et ce petit rien qui me bouleversait, nul doute qu’elle le trouvait aussi chez moi.

La discussion touchait à sa fin. Déjà les au revoir roulaient de ci de là. Nous nous sommes approchés l’un de l’autre, de nouveau son parfum, sa peau, ses cheveux et nos doigts qui s’effleurent, puis se serrent. Et sa voix un peu rauque dans mon oreille : au revoir... comme une promesse.

Nous avons salué les autres. Elle a attrapé la poignée de sa valise et l’a tirée à la suite du groupe vers les ascenseurs.

Elle s’est retournée. Je ne l’avais pas quittée des yeux. Nos regards se sont croisés, et l’ascenseur l’a avalée.

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Commentaires
P
-> Demo : c'est la réalité. Elle est un peu secouante parfois, quand on voit comment un petit rien pourrait (peut) changer le cours de la vie.<br /> <br /> -> Samantdi : Il écrit bien ce Baudelaire, non ? En ce moment je butine chez Stefan Zweig. J'aime beaucoup sa manière de décrire les collisions de destinées.
S
"Un éclair... puis la nuit! -Fugitive beauté <br /> Dont le regard m'a fait soudainement renaître, <br /> Ne te verrai-je plus que dans l'éternité?<br /> <br /> Ailleurs, bien loin d'ici! trop tard! jamais peut-être!<br /> Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais.<br /> O toi que j'eusse aimé, ô toi qui le savais!"<br /> <br /> <br /> A une passante - BAUDELAIRE, Les fleurs du mal, 1857<br />
D
mieux qu'un fantasme si c'est effectivement la réalité.<br /> ..<br /> quelle chance vous avez.
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