Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Décrochage
13 décembre 2004

Plouf !

Budapest.

Dans la navette qui nous amène de l'aéroport au centre, j'ai – comme d'habitude dans ces moments là – le nez écrasé sur la vitre pour tenter de discerner le maximum de détails de l'environnement qui sera le notre pour ces quelques jours. Le trajet dure un peu plus d'une demi-heure durant laquelle nous traversons essentiellement des banlieues industrielles en friche, pauvres, voire miséreuses.

Souvent des immeubles lépreux, de grandes avenues grises, parfois de petites maisons avec jardinet. Couleurs fades, il fait froid, il fait triste.

Et comme dans toutes les capitales du monde, peu à peu la vie apparaît, les couleurs se font plus criardes, les peintures plus fraîches, les passants plus nombreux, les vêtements plus luxueux.

Virage à angle droit, et maintenant, à ma gauche le Danube. Vert. Il est vert le Danube, pas bleu. Vert comme tous les fleuves l'hiver, quand le gris du ciel n'arrive pas à réchauffer sa couleur. Vert et majestueux.

Le Danube c'est comme le Nil pour moi. Un chapitre d'un cours de géographie il y a longtemps. Le genre de truc qu'on apprend un jour pour avoir la moyenne. Le nom des pays qu'il traverse, sa longueur, son débit, son rôle économique, son importance. Et bien, il est là le Danube, avec ses ponts, qui relient les deux parties de la ville ; Buda et Pest.

Notre hôtel est à Pest, face au château de Buda. Pendant ces quatre jours, la nuit tombée, je vais passer du temps, assis au chaud à méditer devant ce château irréel perché sur la colline.



De ces quatre jours, j'ai peu de choses à partager. Ce furent quatre journées de marche à arpenter la ville – du moins son centre. Quatre journées de ravissement et de quiétude. Peu de touristes, accueil globalement sympathique, ambiance de Noël, douceur d'une croisière sur le Danube.

Néanmoins une chose. Une chose à ne manquer sous aucun prétexte : les bains. D'innombrables sources thermales ont été captées à Budapest. Domestiquées par les Romains, améliorées par les Turcs, développées par l'empire, mises à la portées de chacun pendant l'ère communiste. J'étais moyennement tenté par une trempette collective. Le bâtiment était certes magnifique, mais la propreté douteuse, mais je me laissais emporter par l'enthousiasme de V.

Elle a choisi les bains populaires, pour leur ambiance chaleureuse et leur mixité, à l'opposé des bains selects, avec plus de doré et de nez pincés. Nous voilà donc au bout de la file d'attente, devant la liste des prestations possibles. Nous laissons tomber le panneau en Hongrois – la langue ne ressemblant à rien que nous connaissions – et tentons de déchiffrer le tableau anglais. Il y est possible de tout louer ; une cabine, un casier, un maillot de bain, un pagne pour le sauna et le hammam, un bonnet de bain, une séance de massage etc... L'entrée est à tarif unique, mais une réduction est faite si on partage la cabine à plusieurs, mais pas à plus de quatre, auquel cas on ne paye qu'un casier par personne à partir de la deuxième, casier qu'on utilise pas vu qu'on a une cabine. On paye la journée entière si on arrive le matin, la demi-journée si on arrive l'après midi, et à la sortie... on se fait rembourser le trop perçu ! Le temps de comprendre et de décider, nous sommes devant la caissière – cerbère survivant de l'ère communiste – qui dans un charabia incompréhensible décide à notre place et nous donne deux jetons, un bleu et un rouge. Nous nous dirigeons vers le panneau bejarat où nous nous faisons refouler par un employé qui nous fait comprendre qu'une fois de plus nous confondons entrée et sortie. Demi-tour donc vers le panneau kijarat, où un autre employé refoule ma femme vers un autre couloir et me laisse passer, puis se ravise et la laisse aussi entrer. Pourquoi ? Mystère...

Nous errons dans quelques couloirs et tentons de déchiffrer les énigmatiques panneaux (elle est vraiment impossible cette langue !). D'autres employés souriants (ou moqueurs ?) nous indiquent des escaliers à monter, des couloirs où tourner, et enfin nous arrivons dans une vaste pièce remplie de cabines. Nous en choisissons une, passons notre maillot de bain et tentons de fermer la porte. Pas de clé. Devons nous laisser nos vêtements dans la cabine, les prendre avec nous ? Un baigneur d'une trentaine d'année et baragouinant le français nous dit qu'il faut trouver la dame (quelle dame ?). Devant nos mines dubitatives, il part lui même à sa recherche. Une employée en blouse blanche arrive en traînant la savate. Nouveau baragouin devant lequel nous sourions béatement (qui a dit stupidement ?). A tout hasard nous lui tendons nos jetons colorés, elle se gondole et nous lâche un no need (je vous assure que ça fait du bien d'entendre des syllabes familières parfois). Les jetons retournent dans la cabine (nous ne comprendrons jamais non plus leur utilité). Elle sort une craie de sa poche gauche et une médaille métallique reliée à un bout de ficelle de sa poche droite. Avec la craie, elle écrit à l'intérieur de la cabine, le numéro de la médaille qu'elle nous donne, et avec une clé sortie d'on ne sait où, verrouille la porte. Elle nous fait signe d'aller à gauche et de descendre l'escalier.

Dont acte. Nous ouvrons une porte. Et nous voilà dehors. Oui, dehors, en Europe centrale, au mois de décembre, et en maillot de bain.

C'est vivifiant, je vous assure.

Qu'à cela ne tienne... devant nous, des piscines fumantes, remplies d'eau verte, bleue, mouvantes ou non, de températures variable, 26°, 36°, 38°, ou ... froide !

D'autres piscines sont à l'intérieur. Des bains à remous, jacuzzis, même des bains tourbillonnants. Des joueurs d'échecs font trempette en jouant, certains lises, d'autres se papouillent, le tout dans un décor baroque magnifique.



Nous nous laissons aller à nous délasser, changeant souvent de bain, tentons même le froid (pas longtemps !) et nous promenons dans ce lieu féerique une fois la nuit tombée. Il est interdit de prendre des photos. Allez, vite fait, sans flash, je ne peux pas vous priver de ça quand même...


Publicité
Publicité
Commentaires
P
Ca fait plaisir de voir deux lecteurs assidus. Ca donne envie de s'appliquer !<br /> <br /> La faute, je corrige dans l'instant...<br /> <br /> La photo, elle a une histoire. Mon épouse a détourné l'attention de la mamie en savate en lui racontant n'importe quoi sachant qu'elle ne comprendrait rien pendant que moi je tentais la photo. Je n'ai pas eu beaucoup de temps pour m'appliquer ni recommencer.<br /> <br /> Il y a quelques belles images de Budapest et des bains en particulier ici :<br /> <br /> http://www.picturecontact.com/afy_info_id_srch_APPMODE_S1_site_Hungary_SearchResults.sf_1_InCurrentKeywords_Hungary.htm<br /> <br />
B
T'aurais quand meme pu t'appliquer sur ta photo, on voit rien d'interessant ! <br /> Ok ok, je sors...<br /> <br /> <br /> Et aussi, j'ai trouvé une faute dans ton message. Vous avez bien entendu, une faute, dans ce blog. Bon d'accord, c'est une faute de frappe, mais ça reste une faute : "laisse aussi entrer a femme." Que cela ne se reproduise pas !<br /> <br /> J'attends le prochain message avec impatience ! :)<br /> <br /> Bomba, fidèle lecteur.
D
Voilà encore des péripéties haletantes !<br /> j'attend la suite!
Décrochage
Publicité
Publicité