27 décembre 2004
Quand la mer monte
Sur
l'écran, il y avait les plaines et l'horizon cassé par quelques arbres,
une église, ou des lignes électriques. Il y avait aussi cette route
rectiligne qui longe le canal, bordée d'arbres rectilignes qui montent
vers le ciel. Puis la courbe accueillante des dunes, le long d'un
littoral infini.
Il y avait les géants d'osier, gigantesques poupées à pieds d'hommes. Ces géants que je voyais enfant, mus par six porteurs pour les plus grands, comme Gayant et Mme Cagenon. Je me souviens aussi de Binbin qu'on appelait amicalement tiot tournis parce qu'il louchait, et le défilé carnavalesque, les grosses caisses qui résonnaient dans ma poitrine et les gilles de Binche qui distribuaient leurs oranges.
Sur l'écran, il y avait les chansons, des airs connus, qui se chantent avec l'accent et les mots de l'ancien picard. Il y avait les comptoirs, avec les demis entamés pendant qu'une farandole de braillards s'époumone dans la salle.
Il y avait l'accent d'Irène qui sonne doucement à mes oreilles, et l'accent de Dries, l'accent des Flandres, là où on ne sait jamais bien si on est en France ou en Belgique, tant la bière a le même goût, le ciel la même couleur, le coeur la même valeur.
Il y avait aussi la trame du film. Une histoire d'amour toute simple, toute bête. Un porteur de géant qui croise une comique itinérante. Ils s'aiment sans rien se promettre. Il s'aiment, parce qu'ils s'aiment. Certaines scènes ont un goût de Deschiens, de Deschamp, de tendresse, de douleur, de comédie.
Et il y a le coeur, le coeur des gens, là haut. Ceux qu'on n'a jamais vu et qu'on tutoie tout de suite, avec qui on partage la bière et un bout de sa vie, sans promesses, sans rien attendre, mais avec pudeur. Quand vous êtes tristes, ils se fendent d'une cafougnette mille fois répétée, mais qui fait rire, tant l'intention est douce.
Alors hier il y avait tout ça sur l'écran. Ce Nord qui n'est pas qu'un pays de corons et de chômage. Ce Nord qui me manque souvent. Il y avait sa chaleur, hier, sur l'écran, devant le film de Yolande Moreau quand la mer monte .
Il y avait les géants d'osier, gigantesques poupées à pieds d'hommes. Ces géants que je voyais enfant, mus par six porteurs pour les plus grands, comme Gayant et Mme Cagenon. Je me souviens aussi de Binbin qu'on appelait amicalement tiot tournis parce qu'il louchait, et le défilé carnavalesque, les grosses caisses qui résonnaient dans ma poitrine et les gilles de Binche qui distribuaient leurs oranges.
Sur l'écran, il y avait les chansons, des airs connus, qui se chantent avec l'accent et les mots de l'ancien picard. Il y avait les comptoirs, avec les demis entamés pendant qu'une farandole de braillards s'époumone dans la salle.
Il y avait l'accent d'Irène qui sonne doucement à mes oreilles, et l'accent de Dries, l'accent des Flandres, là où on ne sait jamais bien si on est en France ou en Belgique, tant la bière a le même goût, le ciel la même couleur, le coeur la même valeur.
Il y avait aussi la trame du film. Une histoire d'amour toute simple, toute bête. Un porteur de géant qui croise une comique itinérante. Ils s'aiment sans rien se promettre. Il s'aiment, parce qu'ils s'aiment. Certaines scènes ont un goût de Deschiens, de Deschamp, de tendresse, de douleur, de comédie.
Et il y a le coeur, le coeur des gens, là haut. Ceux qu'on n'a jamais vu et qu'on tutoie tout de suite, avec qui on partage la bière et un bout de sa vie, sans promesses, sans rien attendre, mais avec pudeur. Quand vous êtes tristes, ils se fendent d'une cafougnette mille fois répétée, mais qui fait rire, tant l'intention est douce.
Alors hier il y avait tout ça sur l'écran. Ce Nord qui n'est pas qu'un pays de corons et de chômage. Ce Nord qui me manque souvent. Il y avait sa chaleur, hier, sur l'écran, devant le film de Yolande Moreau quand la mer monte .
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