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Décrochage
10 novembre 2004

Second thé

Le second thé nous est amené quelques instants plus tard. Il est plus sucré que le précédent, et son bouquet s'épanoui agréablement sur la langue. J'ai reçu cette histoire des trois thés comme un révélation. Si j'accepte de vivre, j'accepte l'amertume de la vie mais aussi ses douceurs. Ma vie a été amère. Trop amère. Parfois je m'imagine comme un prisonnier retenu longtemps en cellule, et libéré un jour. Après sa privation de liberté d'agir, de penser, de s'exprimer, il est brutalement confronté a sa liberté, sa vie, sa responsabilité.

 

D'un petit monde étriqué et codifié, il se retrouve sans horizons, à gérer ses besoins et ses envies, ses joies, ses peines, sa réalisation ou son échec. J'ai un jour goûté à la douceur de la vie, et je ne pense plus qu'à me goinfrer de bonheur. De mon monde sans lendemains, je suis passé dans un univers où tout est possible. Aussi, je veux tout faire, tout vivre. Tout ce que je n'aurais même pas imaginer connaître, je veux le vivre. Le vivre vite, le vivre intensément, avant qu'il ne soit trop tard.

 

Alors j'ai recréé ma prison. Une prison sans murs. Une prison de projets, où pas une minute ne doit être gaspillée, où le repos n'existe pas et où le plaisir n'a plus de place. Un comble ! Car chaque projet est occulté par le suivant, qui lui même n'aura plus d'intérêt face aux autres. Et je tourne, et je vire, et je courre, et je n'arrive nulle part.

Au bout de cette course il y a ma mort. Oh, pas tout de suite, mais elle est là, inéluctable.

 

Et c'est pour cela que je suis dans ce désert. Pour prendre le temps... de prendre mon temps. Pour apprendre à profiter de l'instant et arrêter de courir après mes chimères.

L'aide cuisinier revient, avec le troisième thé.

 

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