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Décrochage
8 août 2005

Il n'y a pas de hasard

Je n'étonnerai personne en écrivant il n'y a pas de hasard. Cette phrase est répétée à longueur de journée sur tous les tons et à n'importe quel propos a totalement perdu de sa substance. Un peu comme faire son deuil qui et très à la mode en ce moment.

Donc il n'y a pas de hasard. Si on s'en tient au sens de cette phrase, elle en reviendrait à nier le hasard, voire même invoquer le destin et pire encore pour l'homo sapiens moderne : la responsabilité.

Une discussion houleuse avec une vague connaissance (qui d'ailleurs n'a jamais atteint le stade de copain suite à cette discussion) m'avait laissé pantois devant cette phrase. Cet être étrange que j'avais en face de moi soutenait mordicus que tout ce qui nous arrivait était de notre responsabilité, et que rien ici sur Terre ne relevait du hasard, et certes pas non plus du destin.

Goguenard, je me lançais alors dans une de ces démonstrations par l'absurde dont j'ai le secret :

-    Ainsi donc, pour toi, si un avion s'écrase sur la maison et que nous y mourrons tous les deux, c'est de notre faute ?
-    Bien sûr...
-    Allons, allons, tu vas dire que nous avons souhaité recevoir cet avion sur le coin de la figure ?
-    Non, enfin pour ma part, non...
-    Rassures toi, moi non plus, mais alors, tu es d'accord que ta théorie ne tient plus !
-    Mais si, parfaitement ! Si nous mourons ici c'est parce que nous avons choisi d'être dans cette maison. Si nous n'étions pas venus, l'avion se serait quand même écrasé, mais nous serions vivants. Notre mort est donc de notre responsabilité...
-    ... (symptômes : bouche ouverte, yeux vides, cerveau court-circuité)
-    Mais je suis d'accord avec toi, tout ceci n'a pas grand chose à voir avec le hasard mais avec la responsabilité...

Mais revenons à nos moutons, et à ce hasard qui n'existe pas.

Il m'est souvent arrivé - et à vous aussi certainement - de vous trouver devant des hasards inexplicables. Par exemple, je suis un grand bavard, et il m'arrive souvent de discuter avec des connaissances jusque tard dans la nuit et, fatigue, bière et intimité aidant, on s'y raconte parfois des souvenirs, des secrets. Combien de fois me suis-je donc trouvé ainsi face à quelqu'un qui partageait des expériences très similaires, voire identiques ?

De deux choses l'une ; ou alors nous sommes beaucoup à partager les mêmes expériences et se rencontrer n'est donc pas exceptionnel, ou alors le hasard fait bien les choses.

La dernière possibilité est qu'il n'y a pas de hasard.

Ce qui revient à dire que lorsqu'on choisit ses amis (connaissances, conjoints...), on le fait inconsciemment en toute conscience.

Ca donne un mauvais coup au coup de foudre et à l'amitié.

Pire encore... Prenez un de vos amis, une personne avec qui vous vous sentez bien mais avec qui vous n'avez pas forcément partagé tout votre jardin secret. Maintenant pensez à vous, à une chose de vous qui a laissé des traces, une blessure d'enfant dont vous ne parlez pas. Dont vous aimeriez pouvoir parler par contre... Et regardez votre ami... A votre avis... Lui aussi ?

Vous avez deux solutions : vous continuez à croire au miracle du hasard. Vous ne lui posez surtout pas la question. Ou alors, vous posez la question, et vous voyez par vous-même...

Avant de partir, laissez moi vous conter une histoire, laissez moi vous parler d'Elle.

Elle, c'est une personne sensible, que j'aime bien, avec qui je me sens bien. Cela fait quelques temps qu'on se connaît, et surtout quelques temps qu'elle essaye d'en savoir un peu plus sur moi, au lieu de se contenter de ce que je veux bien lui dire. Mais moi, je résiste, je parle par énigmes, j'oublie certaines questions qu'elle me pose, je détourne des conversations.

Depuis qu'on se connaît, depuis presque ses premiers mots, je le sais. Je le sens. Nous partageons un peu plus qu'un morceau de présent.

Et là, aujourd'hui, elle m'a raconté. Raconté deux trois choses. Deux trois choses que moi j'aurais pu lui raconter. Des morceaux de vie que nous avons en commun.

Je le savais, je le sentais.

J'aurais pu lui demander de ne pas me raconter. J'aurais pu la fuir. Mais ce mécanisme me fascine autant qu'il m'effraye, j'ai voulu vérifier une fois de plus, j'ai voulu en être sûr.

Parfois je regrette de ne plus croire au hasard...

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Commentaires
M
Comment expliquer l'instinctif, le ressenti, l'évidence à quelqu'un de totalement fermé ? <br /> Comment faire comprendre que les gens qui sont sur notre chemin ont chacun une raison d'être sur son propre parcours, et que nous sommes que les maillons d'une grande chaîne ? (!!!) <br /> Comment dialoguer avec ceux qui veulent tout comprendre, tout rationnaliser et ne rien voir, ne rien écouter ? <br /> J'avoue ne pas savoir quoi dire à ces gens-là. Le malaise s'installe. Et évidemment, j'oscille entre m'écouter et suivre la "raison du plus grand nombre"... c'est ça la difficulté de la vie ? (enfin, une d'entre elles !)<br /> En tout cas, ta note me fait réfléchir, m'interroger. C'est une évidence, mais les évidences sont pour moi les plus dures à expliquer.
Décrochage
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